▽ THIS AIN'T NO ORDINARY FEELING. (r)

This ain't no ordinary feeling, is it ?

La journée avait parfaitement commencé pour Marilou. En effet, la jeune femme s'était tranquillement réveillée, sans bruit, et surtout sans l'agitation de ses colocataires, qui étaient tous les deux sortis la veille au soir. Un bon départ donc pour cette journée, bien qu'au fond d'elle-même, ils lui manquaient ces deux fous. Depuis un an, sa vie avait changé du tout au tout. Tout d'abord avec l'arrivée de sa sœur chez elle, un bonheur sans pareil, sur lequel elle n'aurait pas parié au départ, et pourtant. Et finalement, nous accueillons le plus fort, j'ai nommé Elijah. Fut un temps, il lui refourguais de la drogue, en veux-tu, en voilà. Et la jeune femme s'était prise à son propre piège, malgré elle. En acceptant son dernier deal, elle s'était condamnée elle-même à vivre à ses côtés. Et voilà maintenant un an que sa petite vie qui était si tranquille avait connu quelques agitations dirons-nous. Neuf heures trente. Qu'allait-elle bien pouvoir faire de sa journée de repos ? Rester ici à se vautrer dans le canapé ? Non, sûrement pas. Attrapant son portable, elle y pianota un message, et l'envoya à l'une de ses amies, qui répondit positivement à sa question : elles se retrouveraient dans une demie-heure au centre commercial. Un endroit truffé de pièges pour attirer les filles, bien entendu. Mais Marilou s'en fichait, elle avait besoin de s'aérer l'esprit, du voir du monde, et vite. Une fois prête, son jean slim noir, son chemisier blanc, ses talons bien entendu enfilés, elle sortit de l'appartement, et pria pour attraper un taxi au vol.

Quelques minutes plus tard, elle donna ces billets bien mérités au chauffeur, le salua, et sortit de la voiture. Elle profita de l'air frais, respirant à pleins poumons, avant de finalement pénétrer dans le centre commercial. Là-bas, elle y retrouva facilement son amie, avec qui elle passa une très bonne matinée. C'est donc les bras chargés de paquets qu'elle alla déjeuner avec elle, dans un petit restaurant qu'elles affectionnaient toutes les deux. Après le repas, son amie dut malheureusement s'en aller, et même les petites moues de Marilou n'y changèrent rien. Déposant un baiser sur sa joue, son amie s'éclipsa, la laissant seule au milieu de la galerie, avec tous ses paquets. Allait-elle rentrer ? Hum, non, il était encore tôt, et de nombreuses boutiques attendaient sa venue. Repartant à l'aventure, Marilou tomba tout simplement amoureuse d'une robe qui fut dans une vitrine. Entrant dans le fameux magasin, et y déposant ses affaires, elle fila l'essayer, retirant ses vêtements pour l'enfiler. Une fois la robe mise, la brunette sortit de la cabine, se tenant devant le grand miroir adjacent. Elle adorait cette robe. Alors qu'elle luttait avec la fermeture éclair se trouvant dans son dos, elle releva la tête, et sursauta en voyant le reflet d'un homme dans la glace. Toujours là où l'on ne s'y attend pas, hein Elijah ? Ironie, quand tu nous tiens. Sentant déjà que cette situation allait lui échapper, et donc la colère monter petit à petit, elle ne put s'empêcher de lui lâcher cette phrase. Ça fait combien de temps que tu étais là d'ailleurs ? Tu n'as pas d'autres filles à chasser ? Ahah, mauvaise tactique ma belle, tu ne faisais que l'intéresser de plus en plus.

This ain't no ordinary feeling, is it ?

Apparemment, aujourd'hui était ton jour de chance ma petite Marilou. Tu avais celui que tu désignais comme le plus lourd de tous à tes pieds. D'ailleurs, bon nombre de ses amis les croyaient en couple tous les deux. Après tout, ils vivaient ensemble depuis un an, sortaient ensemble, et avaient même déjà rencontré les Adkins. Que demander de plus comme signes avant-coureurs ? Peut-être de l'amour ? Quoi que même de ce côté-ci, les deux jeunes gens jouaient les funambules sur le fil de leurs véritables sentiments. Quoi qu'il en soit, Marilou se contint. Elle ne voulait pas faire de scène devant tout le monde, et cette soudaine proximité, elle devait l'avouer, la dérangeait moins qu'elle ne l'aurait pensé. À la remarque d'Elijah, elle ricana légèrement, baissant la tête, avant de croiser le regard de son reflet dans la glace. C'est ce que tu leur dis à toutes ces autres pour les faire craquer ? Oui elle était sur la défensive, oui elle le repoussait sans arrêt, mais elle croyait dur comme fer qu'ainsi, elle se protègerait. Qu'elle se protègerait d'une guerre qu'elle n'avait pas voulue, d'un jeu qu'elle pensait perdre, si elle s'y lançait corps et âme. Ce pourquoi elle gardait toujours un pied hors de ce champ miné, qui menaçait de faire sauter son petit cœur au moindre faux pas. Elle n'eut même pas le temps de faire un seul mouvement qu'Elijah se trouvait déjà derrière elle, affairé à l'aider avec sa fermeture. Quelle délicate attention. Cependant, son corps, ce traitre de première, ne manqua pas de marquer l'effet que le souffle du jeune homme chatouillant sa nuque provoquait. Lutte ma petite, lutte. Alors que Marilou avait placé ses cheveux libres sur son épaule droite pour faciliter la fermeture de cette fameuse robe, elle sourit, avant de se retourner vers Elijah. Et c'est là que je dois tomber dans tes bras, c'est ça ? Ayant juré avoir vu un acquiescement de la part du beau brun, la jeune femme entra dans son jeu, rapprocha ses lèvres des siennes, laissa doucement ses mains glisser le long de sa nuque, et venir se nicher dans ses cheveux. Mais alors que l'affaire devenait plus sérieuse, elle lui lança un Dans tes rêves Wilkinson. qui fit son petit effet. Sur ce, elle retourna à l'intérieure de la cabine, et se mit en tête d'essayer autre chose qu'elle avait vu et pris afin de le tester également. Sentant cependant la présence d'Elijah derrière le rideau, elle y passa uniquement la tête, et lui dit, presque sur un ton ironique : Et tu comptes rester là ? Un sous-entendu qui lui demandait de partir à la base. Qu'il aurait dû très bien comprendre, futé comme il est. Mais avec un Wilkinson, on ne savait à quoi s'attendre, n'est-ce pas ?